Un nouveau venu dans l’intelligence artificielle fait trembler les géants américains. DeepSeek-R1, lancé par une start-up chinoise le 20 janvier, s’impose comme une alternative à ChatGPT en offrant des performances comparables à un coût bien moindre. Son ascension fulgurante ébranle la suprématie américaine et soulève des questions économiques, technologiques et éthiques.
Un challenger inattendu qui bouscule le marché
Jusqu’ici, OpenAI dominait largement le secteur avec ChatGPT, une IA conversationnelle révolutionnaire. Mais la start-up DeepSeek, fondée par Liang Wengfeng, vient bouleverser cet équilibre. Son chatbot, DeepSeek-R1, a déjà impressionné Sam Altman, le PDG d’OpenAI, qui l’a qualifié d’« impressionnant ».

Ce qui distingue DeepSeek-R1, c’est avant tout son accessibilité. Contrairement à ChatGPT qui propose une version payante à 20 dollars par mois, DeepSeek-R1 est totalement gratuit. Ce modèle économique a séduit un large public : en moins d’une semaine, l’application est devenue l’une des plus téléchargées sur l’App Store aux États-Unis, en Chine, en Australie et au Royaume-Uni, avec 1,6 million de téléchargements au 25 janvier.
Un quasi-miracle technologique face aux restrictions américaines
La montée en puissance de DeepSeek est d’autant plus surprenante que les États-Unis ont tenté de freiner l’essor des IA chinoises. Washington a interdit la vente des puces Nvidia H100 – essentielles pour l’entraînement des modèles d’IA – aux entreprises chinoises, forçant DeepSeek à se contenter de modèles moins performants.
Malgré cet handicap, la start-up a trouvé une solution ingénieuse. En optimisant ses ressources, elle parvient à offrir des performances proches de celles de ChatGPT avec seulement 2 000 puces Nvidia, contre plus de 16 000 utilisées par OpenAI, selon le New York Times. Une efficacité remarquable qui remet en question la nécessité d’investissements colossaux pour produire une IA de pointe.
Un séisme sur les marchés financiers
Le succès fulgurant de DeepSeek-R1 ne se limite pas au domaine technologique. Il a eu un impact immédiat sur les marchés boursiers. Lundi 27 janvier, la capitalisation de Nvidia a chuté de près de 600 milliards de dollars ! C’est une perte record en une seule journée. Microsoft et Alphabet, la maison mère de Google, ont également vu leurs actions reculer, signe d’une inquiétude grandissante parmi les investisseurs.
Marc Andreessen, investisseur influent et proche de Donald Trump, a qualifié cet événement de « moment Spoutnik », en référence au satellite soviétique qui avait pris de court les Américains en 1957. Même Satya Nadella, PDG de Microsoft, a reconnu qu’il fallait désormais « prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine ».
Une intelligence artificielle soumise à la censure chinoise
Au-delà des enjeux économiques, DeepSeek suscite de vives préoccupations éthiques et diplomatiques. Contrairement aux modèles occidentaux, souvent critiqués pour leur modération excessive, DeepSeek-R1 est explicitement aligné sur les positions officielles du gouvernement chinois.
Le chatbot affirme ainsi que « Taïwan est une partie inaliénable de la Chine » et qualifie les manifestations pro-démocratie à Hong Kong de « troubles à l’ordre public ». Interrogé sur des sujets sensibles comme le massacre de Tiananmen ou la répression des Ouïghours, il refuse de répondre.
Cette orientation politique assumée soulève des inquiétudes à l’international. Le ministre australien de l’Industrie, Ed Husic, a appelé à une vigilance accrue face aux IA chinoises, évoquant des risques liés à la gestion des données et à la vie privée. De son côté, Elon Musk a accusé DeepSeek d’avoir contourné l’interdiction américaine pour accéder illégalement aux puces Nvidia H100, une affirmation non prouvée qui reflète néanmoins la nervosité ambiante.
DeepSeek-R1 : simple alternative ou début d’une nouvelle ère ?
La percée de DeepSeek marque une étape décisive dans la course mondiale à l’intelligence artificielle. En quelques jours, cette start-up chinoise a prouvé qu’un budget limité et des restrictions technologiques ne suffisaient pas à empêcher l’innovation.
Reste à voir si DeepSeek-R1 pourra maintenir son ascension face aux pressions américaines et aux questions éthiques qu’il soulève. Une chose est sûre : le monopole occidental sur l’IA n’est plus une certitude, et la compétition ne fait que commencer.